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samedi 18 mai 2019

SILENCE SUR SILENCE

PHOTO DE BOULGAKOV

Se posant sur un banc
pour attendre 
le train du jour
retardé
de fatigue accumulée
ma personne
se donne tout entière 
au soin de la présence 
immuable immaculée

Un silence sans fond immobile
se découvre dans le ciel éthéré 
bien au dessus 
du nuageux des idées

Sa densité inaperçue 
maintenant dévoilée
fait se disperser 
en descente 
tous les nuages rouages
des pensées

Rien que sa lumière pure et dense
ne tolérant 
que quelques utilités 

Et celui qui croit participer 
à faire silence
s'efface 
gommé

Tout

la pierre 
les pavés 
la pelouse
la baie vitrée

Silence

les passants
les conversations
les bruits des roulettes 
sur le béton granulé

Silence

Et le cœur sans mot
malgré cela 
proteste 

Silence

l'émotion s'est tue
la seigneurie silencieuse 
l'a absorbée

Les astuces de derviches
pour entendre le cœur
ne sont plus de mise

Le dévôt 
évitant
l'impertinence
s'est tu 

Silence

La grâce l'emporte
plus rien
tout est fondu
dans la splendeur
lumineuse
parfaite et silencieuse

Silence 

Dans ce bloc silencieux immense
une seule forme interne 
de lumière
demeure
là où était l'affairisme du cœur

L'ultime sacrifice 
de l'orant
laisse le silence
couronner l'autel 
d'un Feu individuel
qui en secret 
depuis toujours
brillait 


Sa douce flamme flamboie
dans le tissu même du silence
sans que rien ne bouge 
dans son mouvement

Feu 

de 

Silence 

sur 

Silence



dimanche 12 mai 2019

TRACES PASSÉES DE MON ÂME




Comme je suis l'unique, 
il y a des millions et millions de voix, 
de suintements, 
d'embrassements,
de frictions, 
de cris d'émotion,
etc. 
qui sont en moi et que je suis.
J'ai milles mémoires,
d'innombrables passés.
Dans mes yeux les astres d'autrefois brillent encore.
Mais dans la trame je m'ouvre 
plus particulièrement
sur ce corps-ci et cette personne-ci
J'aurais pu rester là oublié 
Et même dans la transparence
Le cœur aurait pu rester non défriché
Et la joie dans le cœur aurait pu rester 
non purifiée...
Par je ne sais quelle grâce
me voici éveillée
je regarde par ses yeux. 
Ce bipède endormi qui se croyait individu 
n'était que l'animal que j'expérimentais
en toute libéralité.

Au fond de lui dans le cœur de son cœur 
de sa vue intérieure
il y a
des souvenirs 
une trame d'instantanés 
d'une ligne d'êtres passés
Il y a deux petits animaux calfeutrés dans leur terrier.
Il y a un fou d'Allah scandant son nom à tue-tête 
dans la montagne. 
Il y a aussi un drame d'amour 
et une lame plantée dans le côté.
Et de ce drame 
un besoin d'Orphée...

Et c'est moi le vrai individu
qui depuis le début tient les rênes.
C'est moi,
cet astre sans âge,
ce prince 
au service de son roi et de sa reine.
C'est moi
leur engendrement
unique
qui sans cesse reprend 
incognito
une autre tunique.
Jamais je ne dicte.
Je ne fais qu'aspirer et inspirer
des petits gouttes de vrai
dans un peau puis une autre
jusqu'à me voir plein de joie
munie d'un masque de personnalité
assez transparent
pour enfin ici-bas servir consciemment.
Je serai chevalier pour
le roi et la reine
qui tout ordonne
pour diviniser
ce monde.
Et malgré l'injustice,
la cruauté,
l'égoïsme,
je ne vis que de joie
car 
l'essence 
de ce qu'ils engendrent consciemment 
est de joie.


samedi 4 mai 2019

VERS LE FEU PSYCHIQUE - 5



La traversée s'oubliait
La misère 
le drame les avalaient

Une lumière intérieure 
dans les franges de l'obscurité
demeurait

Par quels astres 
se diffusait-elle ?

Un de ces astres
se rapprochait
Il brillait alternativement dans le lointain
Il influençait les marées

La mer intérieure
avait des courants favorables

Et les marins
qui ne renonçaient pas
traçaient leurs cartes

L'escadre flibustier
naviguait dans les brumes
mais défaisait peu à peu
les approximations

L'astre de l'âme
susurrait d'abord

Puis
il s'est montré
définitivement

Plus jamais la nuit
ne régnerait

Un armada tout entier
désormais lui obéissait

Une pluie d'or encore inconnue
l'accompagne
de splendeur en splendeur
prendre les places affaiblies
de l'ordre obscur
et repousser l'implacable loi
du point final


vendredi 3 mai 2019

CONFIE-TOI AU BATTEMENT DU CŒUR DE DEMAIN

Peinture de Niranjan Guha Roy - Continuité

Planté debout en mon âme
cet œil de toujours
une aspiration
crépite

Au centre du regard immobile
commence à battre
le cœur palpitant de demain

Et devant un vieux moi subsistant
un petit bambou de dévotion lui dit :

Je veux toute Ta force
douceur essentielle
Je veux disparaître
Je ne veux plus être 
devant Toi 
mon âme
que Ta petite flûte
dans le monde

Que je Te sois tout accordé
Que toutes mes voix
se laissant orchestrer
 je ne joue que
Ta musique et Ton chant

Et mon âme inspire :

Prends-toi au mot poète
Va-t'en chantant 
le verbe
d'un art improbable
L'essai infructueux
ne peut plus te faire douter
Tu commences
à te laisser guider
dans la transparence
au rythme 
de mon battement ardent


Peinture de Niranjan Guha Roy

jeudi 2 mai 2019

DANS LES REPLIS DE LA TRANSPARENCE

Peinture de Niranjan Guha Roy - Transparence

Dans le creuset silencieux
d'un repli de la transparence
une pellicule transpercée
me libère entier des apparences
Je suis en vérité
ce voyageurs des mondes
aux milles identités

Grand ouvert
jusque dans les plis du cœur
La flamme d'Agni