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Tableau image d'Amita et Niranjan Guha Roy |
Mon enfant souviens toi
de la lumière immaculée
d'où ton âme pourra s'envoler
Mon enfant
Tu as cru ce qu'on te disait
La douce parole feutrée du mensonge
t'a dit combien elle t'aimait
Elle ne célébrait que telle et telle apparence
qui bout par bout t'enfermaient
dans ton petit corps d'argile
et sa mortalité
La doucereuse parole de la fausseté
t'a dit après
le soleil noir de ses tristesses
L'évangile de la douleur que tu devais réciter
De sa douce voix
Elle t'a chanté sa mélopée entêtante
Ses mélodies ont fini par prendre ta propre voix
Pour t'assombrir de ses demi-teintes
Et pour te garder dans ses rets
Sans transition
elle t'a lancé le refrain d'un profite de la vie
selon ce qu'elle te donnait
Elle a loué ces petits plaisirs à accumuler
que son pouvoir et son amour t'allouaient
entre deux gorgées
de la coupe rendue amère
de l'existence menée
Elle t'a bien dit les délires
De ceux qui te parleraient
d'expérimenter
l'invisible
l'infini
l'immortalité
de ceux qui disent une Paix et Joie inaltérables de la Vie
de ceux qui disent tout endurer dans une divine présence
Et pour t'enchaîner
fidèle à ses procédés
Elle a aussitôt ajouter sa foi
dans la religion d'un crucifié
la religion des parents de ses parents
la longue chaîne des mots rabâchés
des assurances postmortem
pour garder son ego à sauver
l'espoir
qu'à nul elle n'imposait
Sa religion
que ce qui est en toi mortel
pourrait se perpétuer
Sa religion
toujours étouffer
Toute influence de la soif vraie
Sa douce voix enterre
les voix les plus intimes de ton cœur
qui pressentent
elles
Ta véritable flamme d'immortalité
Mon enfant
Tu t'es fait enfermer
dans l'illusion des croyances
qu'on a perpétué
dans la moindre de tes pensées
de te croire seulement
ce que t'on fait croire que tu es
Et si je viens vers toi
pour te parler de cette lumière
de ta propre autorité
de ta réelle dignité
m'en voudras-tu ?
m'accuseras-tu de maux que je ne me connais pas ?
Le mensonge et la demie vérité ne peuvent pas triompher
Tout ce qui fait écho à ta lumière
que je voudrais te partager
subsiste là en toute possibilité
On t'a désigné moi comme l'étranger menaçant
On t'a fait tracer des frontières où j'étais de l'autre côté
On t'a fait mettre cet autre là et cet autre ici
et au final
on t'a fait
séparé
isolé
encerclé
assiégé
On t'a désigné des dangers
Des menaces
Un inconnu terrible
On t'a présenté des victimes à honorer
et des bourreaux à exécrer
On t'a fait l'histoire
des vainqueurs à admirer
et des vaincus à venger
soigneusement racontée
par qui y avait intérêt
on t'a fait du même intérêt
Désintéressée
Ton âme n'a pas de frontière
Ton âme n'a rien à craindre
Ton âme a pris ou prendra tous les masques
Jusqu'à ce que son feu
les aura tous refondus
dans la personne cosmique
qu'elle deviendra
Tant que ta foi ne t'aura pas tout retourner vers la Lumière
Ton âme continuera à porter les masques d'ego
les plus mesquins les plus vulgaires
Si tu entendais le trésor de ton âme
tu saurais
Ton âme reste et demeure immaculée
Ton âme n'est pas à sauver
Ton âme ne connait
que gratitude et fraternité
des enfants du Divin
Par lequel lui l'Eternel
s'aventure et devient
Si tu savais ton âme
Tu saurais la justice divine
le royaume de Dieu
qui vient de l'intérieur
partout à la fois
en chaque recoin de la terre
en chaque grain de matière
On t'a soigneusement appris
à découper la vie en morceaux
les uns bons les autres à jeter
On t'a appris à dire non à ce qui est
On t'a appris ce qui devrait et qui rend la vie à insupporter
On t'a appris
à nier ton âme
Ton âme est un feu qui ouvre
un feu qui libère
Un feu immortel
Un feu éternel
qui sans cesse se renouvelle
un feu qui grandit
un feu qui fera son œuvre
jusque dans la chair
Poème été - automne 2023
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Tableau image d'Amita et Niranjan Guha Roy |