Au chevet de mes amours
Comme si soudain
Toutes ces créatures
Que je logeais
Sans m'interroger
Etaient mises en Lumière
Dans leurs vétustés
Il y a
Ce qui veut obtenir
Les attaches
Tendres
Ce qui veut lire
Dans les yeux innocents
Que mon amour
Est pur et vrai
Et pourtant je me rappelais
La beauté de la fleur
Se donnant
Sans souci du regard
Où elle se plongeait
Il y a
Les attaches
Sensuelles
Les fausses attaches
De nos amours humaines
Colorées
D'exquises épines
Sous les pétales emmêlés
De nos couches échauffées
Et pourtant je me rappelais
Nos cœurs illuminés
D'un amour
Que nous n'avions pas fait
Et il y a
Les ritournelles
D'amours hantés
Ces fantômes d'histoires fantasmés
Ces perfections
D'amour jamais nées
Avortées dans les limbes
De l'inachevé
Pourtant je reconnais
Que ce sont des fadaises
Rien des événements prévus
Pour que j'apprenne à aimer
Et il y a ces amours ancrés
Dans les temps passés
Qu'on croyait tissés
En trames et chaînes entrelacées
Tant et si bien
Qu'elles résisteraient
A tous les désastres
Et pourtant
J'entendais mon frère me rappeler
Aimer être aimé
Ce n'est pas imaginer
Aimer aimer
Ce n'est encore qu'incomplet
Aimer
C'est n'attendre
Aucune réciprocité
Et je vois défiler
Sur l'œil de vérité
Tous mes rêves d'amours éternels
En pays d'inconstances continuelles
Rien que Toi
D'une seule substance d'éternité
Et en parfaite continuité
Rien que Toi me forgeant
D'amour vrai
Dans ta propre Lumière
Rien que Toi
L'âme de mon âme
Or et Joie
Rien que Toi
Pour établir un cœur
En sincérité
Rien que Toi
Qui sait
Toutes les pièces du jeu sacré
Des âmes à enfanter
Des âmes à faire tenir sur pieds
Et ce moi
Prétentieux
Qui croit toujours
Qu'il sait
Prêt à tout
Pour précipiter l'amour
Qu'il continue en vain
De conjecturer
Plié à la pauvre idée
Qu'il s'en fait
Et ce moi cinglé
Ce supplicié paranoïde
Qui déjà se croit livré
Pieds et poings liés
A la vindicte animale
Aux rires cachés
A craindre
Un nouvel élan de cruauté
Un mensonge suffisamment dosé
Pour crucifier son "je t'aime"
Comme si l'amour
N'était pas en Toi
Sur la cime originelle
Des mondes
Comme si l'amour
N'avait pas formé en lui
Mon âme assoiffée
Parfaitement inaltérable
Par aucune perversité misérable
Comme si cette fleur Divine
Dans la brise paisible
Des ténèbres lumineuses
Ne concentrait pas
En ses ultimes racines
A peine perceptible
Le regard
Déjà victorieux
De l'Un innombrable
Alors maintenant
Il me suffit encore et encore
De tout offrir à Ta flamme
De Te sacrifier
Tous ces élans déformés
Pour me laisser aligner
Par Ta Joie
Sans même
Que j'en connaisse
Toutes les subtilités
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Tableau de Niranjan Guha Roy |